Le grand théologien dominicain Thomas d’Aquin eut pour projet, à la fin de de sa vie, de réunir dans une œuvre à destination des étudiants les connaissances doctrinales de base. Pour ce projet éditorial, un privilège royal a été accordé le 26 février 1657 au père Jean Nicolas, puis cédé le 21 avril 1657 aux libraires associés (Gabriel Cramoisy, Georges Josse, la veuve de Denis Thierry, Jean du Bray, Jean Piot, Edme Couterot, Louis Billaine, Denis Thierry, Jean du Puis et Claude Barbin). Cette édition, qui commence par une épître dédicatoire de l’éditeur au chancelier Pierre Séguier (1588-1672), est très soignée (choix des caractères typographiques, équilibre entre le texte et ses notes, beaux frontispice et ornements). Des portraits de Thomas d’Aquin structurent le document : un, gravé sur cuivre, signé Pierre Mariette (1603?-1657), au titre de la première partie ; un, gravé sur cuivre par L. Gaultier en regard du premier feuillet de texte de la première partie ; d’autres gravés sur bois aux titres des autres parties.
L’ouvrage, lacunaire de quelques pages en fin, porte un ex-libris de P. Charbonneau, daté (1846), avec un prix. Cet exemplaire a été donné aux Bibliothèques de l’Université de Poitiers par la Bibliothèque diocésaine de Poitiers en 2019.
Lors de la restauration de cet ouvrage, de belles claies (peaux renforçant la liaison entre le corps du livre et la couverture), découpées dans un manuscrit médiéval, ont été déposées (et conservées) et remplacées par du papier japon. Un nouveau dos a été posé, sur lequel les restes de l’ancien ont été repositionnés. La couture était lacunaire : elle a été reprise afin de remettre en place les feuillets détachés ; de nouvelles tranchefiles (broderies placées en tête et en queue du dos) ont été posées sur le modèle des témoins.
Le livre a été restauré dans le cadre du dispositif J’adopte un livre, proposé par la Fondation de l’Université de Poitiers. Le mécène, Xavier de Boysson, explique ainsi sa sélection : « Plusieurs raisons m’ont incité à faire le choix de Summa theologica ; d’abord j’ai été immédiatement attiré par le nom universel de son auteur italien, toujours présent aujourd’hui par la puissance de sa pensée. Ensuite c’est la provenance particulière de cet ouvrage détenu par l’évêché du Diocèse puis donné à l’Université, et j’ai de l’attachement pour ces deux institutions. Et enfin c’est un bel exemplaire qui méritait de retrouver son lustre d’antan et dont la conservatrice sait parler avec passion. »