Du 2 au 30 novembre 2022, dans le cadre du Livre ancien du mois, l’ouvrage Le thresor des antiquitez romaines de César Égasse du Boulay est exposé à la BU Michel Foucault.

Une Petite pause méridienne est proposée le lundi 28 novembre à 12h (entrée libre sur inscription : FondsAncien@univ-poitiers.fr ou 05 49 45 32 91). A l'occasion de cette présentation d’une demi-heure, l'ouvrage est sorti de la vitrine où il est exposé et peut être feuilleté.

César Égasse du Boulay (160.-1678), notable de l’université de Paris

Le thresor des antiquitez romaines / César Égasse du Boulay. – Paris : Denys Thierry, 1650

Né au début du XVIIe siècle, en Mayenne, César Égasse du Boulay commence ses études à Poitiers (de 1628 à 1634) et les poursuit à Paris, au collège de Navarre où il devient ensuite professeur (à partir de 1642). Toute sa longue carrière, près de 40 ans, se déroule dans ce même collège de l’université de Paris, où il enseigne la rhétorique et les humanités.

Le nom de César Égasse du Boulay est étroitement lié à l’université de Paris. Il y occupe d’importantes fonctions, procureur, questeur, recteur et greffier, qui lui valent une parfaite connaissance de l’institution pour laquelle il fait œuvre d’historiographe à travers plusieurs ouvrages. Le plus connu est l’Historia Universitatis Parisiensis, une somme parue en six tomes de 1665 à 1673, dont l’intérêt repose sur l’abondance des sources originales qui y sont reproduites. C’est par cette œuvre que du Boulay a pu passer à la postérité, du moins auprès des historiens de l’université de Paris, et moins par ses œuvres d’éloquence, de poésie ou encore par son ouvrage sur les antiquités romaines.

 

Une « matière ayant esté desja traittée par tant de personnes »

Le thresor des antiquitez romaines est le premier écrit de Du Boulay ; il paraît en 1650. Il ne s’agit pas véritablement d’une œuvre originale : l’auteur, dans sa préface, « confesse librement d’estre plagiaire » et avoue s’être livré à un travail de compilation. Il n’oublie pas néanmoins de citer sa principale source, Joannes Rosinus (1551-1626), un historien allemand, auteur de Antiquitatum Romanarum corpus absolutissimum. De ce titre, publié pour la première fois en 1583, du Boulay emprunte notamment le plan. Sur l’exemplaire du Fonds ancien, en regard de la page de titre, un ancien possesseur a d’ailleurs noté « cet ouvrage est tres bon et tres util cest une espece de traduction des Antiquités Romaines de Rosin ». Du Boulay fait effectivement le choix de la langue française, rendant son livre accessible à un plus large lectorat que s’il avait été écrit en latin. L’usage de la langue vernaculaire, comme la démarche de compilation, est une des caractéristiques de ces nombreux ouvrages imprimés à la Renaissance dont le titre contient le mot « trésor ».

 

Le Thresor, un genre éditorial

De la fin du XVe siècle jusqu’au premier tiers du XVIIe siècle, on assiste à une vogue éditoriale avec la multiplication de publications de T(h)resors (450 éditions de 120 titres). Précisons que deux graphies existent, avec ou sans « h », ce dernier, ajouté progressivement au cours du XVIe siècle, rappelant la forme latine « thesaurus ». La richesse de ces trésors-là réside dans la somme des savoirs et des écrits accumulés au cours du temps, qu’ils rassemblent en un seul volume, argument économique important. Parmi les domaines représentés dans le corpus des Thresors on trouve la médecine, les arts, la vie morale, les anthologies et recueils littéraires, les dictionnaires (dont le Trésor de la langue française de Jean Nicot, certainement le plus célèbre), etc.

 

Ce que n’est pas Le thresor des antiquitez romaines

Le thresor des antiquitez romaines / César Égasse du Boulay. – Paris : Denys Thierry, 1650

Le titre doit être lu intégralement au risque de se méprendre sur le contenu de l’ouvrage. En effet, nous ne sommes pas en présence d’un de ces recueils illustrés d’antiquités qui sont parus en abondance durant les XVIIe et XVIIIe siècles (comme par exemple ceux de Montfaucon et de Caylus). La matière du Thresor de Du Boulay, « où sont contenues et décrites par ordre toutes les cérémonies des Romains », comme précisé par ce complément du titre, est celle de la civilisation romaine et ses rituels. Ainsi, après l’évocation de la ville de Rome avec ses monuments et ses bâtiments, ce sont tous les aspects de la société romaine qui sont développés, la religion, l’organisation politique et juridique de la République romaine et la vie quotidienne (calendrier, fêtes, habillement).

Aussi le sujet se prête-t-il peut-être moins à l’illustration, qui se résume à 18 vignettes (sur un total de plus de 1000 pages de texte), alors que le titre annonce trompeusement « enrichy de quantité de figures en taille douce ». En outre, ces gravures sont de taille assez modeste, surtout en comparaison de la belle marque parlante, qui évoque ici le prénom de l’imprimeur-libraire Denis Thierry, ornant la page de titre. Elle figure l’enseigne de celui-ci « à l’Image de Sainct Denys » et représente le martyre de saint Denis.

 

Le thresor des antiquitez romaines / César Égasse du Boulay. – Paris : Denys Thierry, 1650

Sandrine Painsard

Quelques lectures complémentaires

Histoire littéraire du Maine. Tome 1 / Barthélemy Hauréau.- Le Mans : Adolphe Lanier, 1843, p. 123-130 [ressource en ligne]

Jacques Verger, « Le De patronis IV Nationum Universitatis de César Égasse du Boulay (1662) et la vie religieuse à l’université de Paris au Moyen Âge », dans Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France , 2015, p. 235-249 [ressource en ligne]

Anne Réach-Ngô, « Transmettre les « Trésors » : de la stratégie de valorisation à la naissance du bien culturel », dans La fabrique du patrimoine écrit : objets, acteurs, usages sociaux. – Villeurbanne : Presses de l’enssib, 2020, p. 199-214 [ressource en ligne]

Thresors de la Renaissance, Bibliothèque numérique [ressource en ligne]

Liste des Thresors conservés au Fonds ancien [ressource en ligne]

Éditions du Antiquitatum Romanorum corpus absolutissimum de Joannes Rosinus conservées au Fonds ancien

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