Du 2 au 31 mai 2022, dans le cadre du Livre ancien du mois, la Maison du roi, ce qu’elle étoit, ce qu’elle est, ce qu’elle devroit être (Paris, 1789), d’ordinaire conservée au Fonds ancien, est exposée à la Bibliothèque Droit-Économie-Gestion.

 

Page de titre – Maison du roi, ce qu’elle étoit, ce qu’elle est, ce qu’elle devroit être.- Paris, 1789 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, FAM 1893)

Qu’est-ce que la Maison du roi ?

La Maison du roi, administration domestique (comme l’indique Bernard Barbiche) réglementée par Henri III en 1578, définitivement organisée par Colbert et réformée à deux reprises dans les années qui précèdent la Révolution (1780 et 1787), est faite de deux parties :

  • la maison civile ou domestique, à laquelle est consacré cet ouvrage et qui est divisée en départements
  • la maison militaire.

L’organigramme de la maison civile a beaucoup évolué dans le temps, mais ses principaux services étaient la Chapelle, la Bouche du roi, la Chambre du roi, la Garde-robe, le Garde-meubles de la couronne, l’Argenterie, menus plaisirs et affaires de la chambre du roi, le grand maître des cérémonies, l’Écurie et la Vénerie.

Au début de l’année 1789, le secrétariat d’État de la Maison du roi (dont le secrétaire d’État est Pierre Charles Laurent de Villedeuil) réunit principalement (ce qui est une configuration tardive) la Maison du roi (dans le premier sens détaillé au début de ce paragraphe), celle de la reine et celle des enfants de France, le clergé, la religion « prétendue réformée » (c’est-à-dire le protestantisme), ainsi que l’administration de la plupart des provinces de France.

 

L’ouvrage La Maison du roi et sa réception

Publié au début de la Révolution française, cet ouvrage cherche à montrer que la Maison du roi (au premier sens du terme) était gérée de manière économe, contrairement aux idées reçues, et qu’on gagnerait à la réorganiser comme elle l’était avant les réformes de 1780. Comme l’annonce la note finale, il était prévu qu’une seconde partie fût consacrée à la Maison militaire, mais son auteur, différent de celui de la première, a été retardé, puis complètement empêché de la faire. L’identité des auteurs n’est pas connue : les grands bibliographes que sont Antoine-Alexandre Barbier, Joseph-Marie Quérard, Edmond-Denis Manne ou encore Pierre-M. Conlon ne les ont pas identifiés.

Menu (tableau n° 5) – Maison du roi, ce qu’elle étoit, ce qu’elle est, ce qu’elle devroit être.- Paris, 1789 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, FAM 1893)

Huit tableaux très détaillés présentent les compositions successives de la Maison du roi, les marchés, l’ancienne et la nouvelle administration de la Maison du roi (qui détaillent les grands couverts, donc certains menus, de la famille royale) et proposent un aperçu de la nouvelle constitution des offices.

Ornement gravé – Maison du roi, ce qu’elle étoit, ce qu’elle est, ce qu’elle devroit être.- Paris, 1789 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, FAM 1893)

La composition typographique est soignée. L’ornement placé sur la page de titre montre les armoiries de la famille royale, flanquées de deux anges qui portent les attributs de la justice, la balance et l’épée, accompagnés du sceptre (en forme de fleur de lys), symbole de pouvoir et de royauté, et de la main de justice, qui indique le pouvoir de juger du roi. L’unique bandeau, placé juste avant l’introduction, a lui aussi une composition très centrée sur la fleur de lys royale. Quant au cul-de-lampe, mis à la fin de l’introduction, il montre la couronne royale posée sur la main de justice et le sceptre. Les ornements, le plus souvent sans lien avec le contenu de l’ouvrage, viennent ici insister sur la thématique du document.

L’Année littéraire (lettre 18 de l’année 1789, tome 5) fait de cet ouvrage une présentation très élogieuse et précise que les tableaux, en expliquant le système mis en place par Colbert, montrent combien il fonctionnait bien et permettait des dépenses mesurées tout en soulignant la grandeur du roi. Selon cette lettre, aucun de ses officiers ne pouvait abuser de sa situation pour faire fortune. Comme l’auteur, le critique appelle de ses vœux le rétablissement de la Maison du roi telle qu’elle était auparavant.

 

Cul-de-lampe – Maison du roi, ce qu’elle étoit, ce qu’elle est, ce qu’elle devroit être.- Paris, 1789 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, FAM 1893)

L’exemplaire du Fonds ancien

Cette édition est très présente dans les collections publiques françaises (plus de 10 exemplaires actuellement recensés). L’ouvrage du Fonds ancien, qui porte encore la couverture d’attente, en papier bleu, avec laquelle il a été vendu à la fin du XVIIIe siècle, a été donné à l’Université en 2019 par un ancien étudiant de la Faculté de lettres de l’Université de Poitiers (1946-1951), titulaire d’un D.E.S Géographie. Sur le faux-titre, un ex-libris manuscrit indique que cette édition a été possédée par une femme prénommée Marie. L’état du corps d’ouvrage et de la couvrure, ainsi que les quelques traces de crayon dans le document, laissent penser que celui-ci a servi comme livre d’étude.

Anne-Sophie Traineau

Pour aller plus loin: Les institutions de la monarchie française à l’époque moderne : XVIe-XVIIIe siècle / Bernard Barbiche.- Paris : Presses universitaires de France, 1999

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