Le Fonds Ancien tient à chaleureusement remercier Mme Élizabeth Serreau, qui a fait don d’une centaine d’ouvrages anciens datant du XVIIe au début du XXe siècle. Parmi les ouvrages inventoriés, des livres de messe et de prières, des romans, des recueils de pièces de théâtre, des livres pour enfants, des livres d’histoire et de géographie, et même des almanachs et des récits de voyage, soit une diversité de genres de textes, de registres, de thèmes et de formats. Quelques titres ont retenu notre attention…

Des ouvrages scientifiques
Dans le don sont répertoriés des ouvrages scientifiques du XVIIIe siècle, témoins du siècle des Lumières et de l’état des connaissances à cette époque. Ainsi, sont présents des volumes de l’Histoire de l’Académie royale des sciences datant de 1708, contenant de multiples articles scientifiques de mathématique et de physique.
Des classiques de la littérature

Une majorité des textes présents dans le don est en français, dont ceux de grands auteurs français, tels que Montaigne (dans une édition complète en quatre volumes de 1828 de ses Essais publiés pour la première fois en 1580), ou bien Racine, mais aussi La Fontaine, dans une édition de 1757 de ses Fables, qui avaient été publiées pour la première fois dans un premier recueil en 1668 et dédiées au Dauphin.

Quelques textes sont des traductions françaises de la littérature anglo-saxonne, comme Les nouvelles lettres persanes, écrites par un certain Georges Lyttelton, dans une version traduite en français en 1735. L’auteur s’inspire directement des Lettres persanes de Montesquieu, roman épistolaire publié pour la première fois en 1721, et transpose la satire dans la société britannique. Comme celui de Montesquieu, l’ouvrage est publié anonymement pour protéger l’auteur de la censure, renforçant par ailleurs l’illusion que les textes sont des récits véritables et non fictifs. L’hommage de Lyttelton à son modèle se lit dans la citation placée en tête de ses Nouvelles lettres persanes, tirée du livre 3 de De natura rerum de Lucrèce (vers 112) :
Non ita certandi cupidus quam propter amorem / quod te imitari aveo (« Ce n’est pas par envie mais par amour que je rivalise avec toi / et pour le plaisir de t’imiter »)
Des textes dans leur langue originale

La nationalité de la mère (qui est celle qui avait rassemblé les ouvrages donnés au Fonds ancien) de la donatrice, Audrey Serreau, est anglaise, ce qui explique la présence dans le don de quatre ouvrages en anglais (le fonds comprenait d’autres livres en anglais, qui ont été gardés par la famille, tout comme les ouvrages annotés), notamment un recueil de cinq comédies écrites au XVIIIe siècle (dans une édition sans date). Celles-ci sont toutes des comédies de mœurs critiquant les conventions de la société de l’époque : on y retrouve par exemple une pièce de l’auteur Oliver Goldsmith, She Stoops to Conquer, jouée en 1773 à Londres, très connue encore aujourd’hui dans le monde anglo-saxon, à l’origine d’une expression anglaise restée dans le langage courant :
Ask me no questions and I’ll tell you no lies. (« Ne me posez pas de questions et alors je ne vous mentirai pas. »)
L’unique livre en latin de l’inventaire est une édition de 1754 des Épigrammes de Martial, poète latin du Ier siècle ap. J.-C. : ces poèmes crus et satiriques, à fort caractère sexuel, dépeignent les vices de ses contemporains. Un détail est à noter : à la date d’édition de l’exemplaire donné par Mme Serreau, toutes les traductions, plus ou moins fidèles, gommaient la crudité des propos ; ainsi seuls les lecteurs instruits et connaissant le latin pouvaient lire le texte original et en saisir toutes les subtilités…

Des livres pour enfants
Une autre partie de cet inventaire est constituée de livres pour enfants, en particulier des fictions, des contes et récits moralisateurs, comme l’histoire bien connue de Tom Pouce, ou le petit garçon pas plus grand que le doigt, dans une édition traduite en français en 1821, accompagnée d’illustrations que, probablement, un enfant s’est amusé à colorier. On retrouve également dans le don les Aventures de Télémaque, roman d’aventures didactique de Fénelon, le Discours sur l’Histoire universelle à Monseigneur le dauphin, de 1730 (publié pour la première fois en 1681), écrit par Bossuet, homme d’église et précepteur du dauphin Louis de France, le fils de Louis XIV, mais aussi des livres reliés gagnés comme prix à des concours de lecture à l’école.

Des alphabets et des manuels d’éducation du XIXe siècle reflètent également les pratiques éducatives de cette époque, comme l’Alphabet récréatif, avec des illustrations coloriées, ou le Grand livre pour les petits enfans, alphabet suivi des contes et chansons de ma bonne, de fables, avec illustrations dans le texte, et de gravures coloriées (consultable en ligne sur Gallica), ou encore un manuel pédagogique appliqué à l’éducation des filles, Les Conversations d’Émilie, publié en 1802 et écrit par Louise d’Épinay, qui se fonde sur son expérience pour présenter ce dialogue avec sa petite-fille, faisant ainsi écho et suite à l’Émile ou de l’éducation de Rousseau.
Marie Bezard
Informations complémentaires
L’inventaire du premier don Serreau
L’inventaire du second don Serreau
Conditions de consultation des ouvrages : les ouvrages du don sont consultables uniquement sur place, au Fonds Ancien (situé dans la BU Droit-Économie-Gestion, Bât. A1, sur le campus)
Pour toute demande de renseignement, adressez-vous au Fonds Ancien : 05 49 45 32 91 ou 05 49 45 33 31 ou FondsAncien@univ–poitiers.fr