Le Fonds ancien de la bibliothèque universitaire de Poitiers conserve de nombreuses collections, dont celle de philosophie, qui est actuellement en cours de catalogage. Dans ce corpus les ouvrages sont rassemblés en grandes périodes (textes datant de l’Antiquité classique, du Moyen Âge, des 15e et 16e siècles, du 17e siècle et du 18e siècle) et ordonnés selon la suite alphabétique des noms d’auteurs à l’intérieur de chaque tranche chronologique.

Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, fait partie des auteurs qui figurent dans ce fonds. Penseur politique, franc-maçon, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières, il naît le 18 janvier 1689 à La Brède (près de Bordeaux) et meurt le 10 février 1755 à Paris. Il fait ses études chez les Oratoriens, puis à l’université de droit de Bordeaux. Rapidement, il devient conseiller au Parlement de Bordeaux (1714), président à mortier (1716) et membre de l’Académie de la ville. Parallèlement, il se tourne vers l’écriture et en 1721 il publie les Lettres persanes, ouvrage qui connaît un succès immédiat. C’est cet engouement qui lui permet de devenir membre de l’Académie française en 1727.
Jean Barbot (1695-1771)
Savant et bibliophile bordelais, Jean Barbot est fréquemment présenté comme le plus proche confident de Montesquieu.
Jean Barbot et Montesquieu se rencontrent pour la première fois en 1700 à l’Académie oratorienne de Juilly (ou Collège de Juilly), près de Meaux, lors de leurs études secondaires. Leur intérêt pour l’histoire et les lettres françaises les rapproche et ils se côtoient ainsi jusqu’en 1705, date à laquelle Montesquieu quitte le collège pour la faculté de droit de Bordeaux. Les deux hommes entretiennent une correspondance régulière tout au long de leur vie.
Montesquieu dit de lui : « M. le président Barbot, secrétaire de notre Académie, est un des hommes du monde que j’aime le plus. Il s’est toujours appliqué aux sciences, mais comme un gentilhomme. Il sait comme les savants et a de l’ardeur comme les mécènes. »
Jean Barbot est membre de l’Académie de Bordeaux à partir de 1718.
Deux ex-dono manuscrits de Jean Barbot se trouvent respectivement sur la page de titre et la page 3 d’un ouvrage de 1623 intitulé L’Adone, poema del cavalier Marino.


Homme de lettres et d’Église italien, il collabore à l’édition lucquoise de l’Encyclopédie.
De 1739 à 1750, lors de son séjour en France, il est présenté au président Barbot et entretient une correspondance avec Montesquieu que ce dernier appelle son « cher abbé » Venuti. L’Académie de Bordeaux lui offre un siège d’académicien associé sous l’impulsion de Montesquieu.
Il rentre en Toscane en 1750, ce qui désole Montesquieu : « Je suis bien fâché, mon cher abbé, que vous partiez pour l’Italie, et encore plus, que vous ne soyez pas content de nous. Je vois pourtant, sur ce qui m’est revenu, qu’on n’a pas pensé manquer à la considération qui vous est due si légitimement. Je souhaite bien que vous ayez satisfaction dans votre voyage d’Italie ; et je souhaiterais bien, qu’après ce temps de pèlerinage, vous passassiez dans une plus heureuse transmigration, et telle que votre mérite personnel le demande. »
En Toscane, Venuti intègre diverses sociétés savantes et collabore à des magazines littéraires. C’est un érudit curieux et touche à tout. Il cesse peu à peu de correspondre avec Montesquieu.
Un ex-libris manuscrit « Philippi Venuti Cortonensis anno 1731 » se trouve sur la garde blanche volante du tome 2 d’un ouvrage publié en 3 volumes en 1731 intitulé Historia philosophiæ vitas, opiniones, resque gestas, et dicta philosophorum sectæ cujusvis complexa.

Malheureusement, nous n’avons pas d’autres informations sur les provenances de ces documents ; nous ne pouvons donc pas savoir comment ces ouvrages ont été acquis par ces illustres personnages et ce qu’ils sont devenus entre le 18e siècle et leur entrée dans les collections de l’Université.
Marie-Agnès Godefroy
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