Du 12 mai au 10 juin 2022, dans le cadre du Livre ancien du mois, trois éditions du Cours d'opérations de chirurgie, démontrées au Jardin Royal de Pierre Dionis, d'ordinaire conservées au Fonds ancien, seront exposées à la BU Médecine Pharmacie (après avoir été présentées à la BU Sciences campus du 1er au 30 avril).

Une Petite pause méridienne sera proposée le mercredi 1er juin à 13h (entrée libre sur inscription : FondsAncien@univ-poitiers.fr ou 05 49 45 32 91). Lors de cette présentation d’une demi-heure les ouvrages seront sortis de la vitrine où ils seront exposés et pourront être feuilletés.

Pierre Dionis (1643-1718)

Cours d’opérations de chirurgie, démontrées au Jardin Royal. Quatrième édition / Pierre Dionis. Paris : Charles-Maurice d’Houry, 1740

Célèbre chirurgien parisien de la famille royale (de la reine puis des dauphines), Pierre Dionis doit aussi sa renommée à son activité de démonstrateur d’anatomie et de chirurgie au Jardin Royal, charge que lui confia le roi à partir de 1672 et qu’il honora jusqu’en 1680. En ce lieu les enseignements de botanique, chimie, anatomie et chirurgie, gratuits et ouverts à tous, relevaient directement du roi et non de la Faculté. Louis XIV demanda à Dionis d’y enseigner et de démontrer la très contestée théorie circulatoire. La découverte de la circulation du sang en 1628 par William Harvey avait provoqué une violente et longue polémique opposant les « circulateurs » (ou « circulationnistes ») et les « anti-circulateurs ». Dionis joua donc un rôle dans l’acceptation et la diffusion de la découverte du médecin anglais, par ses démonstrations et par l’ouvrage qui en résulta. L’anatomie de l’homme, suivant la circulation du sang, & les dernières découvertes, démontrée au Jardin Royal rencontra un grand succès, six éditions parurent de 1690 à 1780 (le Fonds ancien en possède deux). L’œuvre  fut même traduite en mandchou sur demande de l’empereur Kangxi.

 

Les Cours d’opérations de chirurgie

Un autre ouvrage, également réputé, les Cours d’opérations de chirurgie, démontrées au Jardin Royal, fut aussi le fruit des leçons données par Dionis au Jardin du roi. Il fut publié bien après celles-ci et seules les trois premières éditions (1707, 1714, 1716) parurent du vivant de l’auteur. Georges de Lafaye (1699-1781), membre de l’Académie royale de chirurgie (fondée en 1731), continua l’entreprise en l’enrichissant des nouvelles découvertes. Au cours du XVIIIe siècle, huit éditions furent imprimées ainsi que des traductions anglaise et allemande.

L’ouvrage est divisé en dix démonstrations, la première traite des opérations en général, les suivantes concernent les différentes parties du corps. Dionis ne s’y contentait pas d’expliquer comment opérer, il abordait au préalable la maladie, sa définition, ses symptômes, ses remèdes et étayait son propos de remarques et exemples basés sur sa propre et riche expérience. Le livre se présente comme un manuel au format pratique et illustré de plus de soixante figures, un nombre estimé « nécessaire pour l’instruction, & pour la perfection de cet ouvrage » selon son auteur.

 

Les illustrations

Cours d’opérations de chirurgie, démontrées au Jardin Royal / Pierre Dionis. Paris : Laurent d’Houry, 1707

En début d’ouvrage figurent un portrait de l’auteur, une vue du Jardin royal en double page et une planche représentant une démonstration d’anatomie dans l’amphithéâtre de Saint‑Côme (c’est au Collège des chirurgiens de Saint‑Côme que Dionis fut formé et devint maître chirurgien). Pourtant nulle scène d’opération n’est représentée, seuls les instruments utilisés le sont, dans une planche (gravée sur cuivre) au début de chacune des démonstrations et dans les nombreuses figures (gravées sur bois) à l’intérieur du texte. Les vignettes les montrent alors le plus souvent présentés sur une table, tels qu’ils devaient être préparés par le chirurgien avant l’opération. Chaque instrument porte une lettre et l’ordre alphabétique suit les étapes du déroulement de l’opération décrite dans le texte. De la sorte l’instrument A est le premier qui devait être utilisé et ainsi de suite. Les illustrations restèrent inchangées au cours des parutions, seules quatre planches de nouveaux instruments furent ajoutées dans les éditions posthumes.

 

Provenances des exemplaires du Fonds ancien

Cachet de l’École de médecine de Poitiers

La deuxième édition (1714) a été achetée par le Fonds ancien relativement récemment, en 2001. Les quelques acquisitions d’ouvrages anciens réalisées de nos jours par le service le sont dans les domaines représentatifs du fonds. La médecine en est un, notamment grâce à la bibliothèque de l’École de médecine de Poitiers, intégrée aux collections de la Bibliothèque universitaire en 1949. La septième édition (1773) provient précisément de l’École de médecine et porte, entre autres, un ex-libris d’un certain Durand docteur en chirurgie. Plus inattendu, la quatrième édition (1740) est un exemplaire acheté par un religieux, Jacques Marie Joseph Baillès (1798-1873), lors de son exil à Rome. Sa riche bibliothèque fut léguée à son ancien évêché de Luçon, dont les collections furent ensuite partiellement versées en 1914 à la Bibliothèque universitaire. De nombreuses annotations en italien dans les marges du texte ainsi qu’un ex-libris sur la page de titre témoignent que l’ouvrage a appartenu (avant son achat par Baillès) à un chirurgien italien. Dionis espérait, dans sa préface, que la publication de ses cours serait « utile à ceux qui par l’éloignement des lieux, ou qui sont établis dans les Provinces n’ont pas pu y assister ». On constate ici que l’objectif a été atteint, même au-delà des frontières.

Sandrine Painsard

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