Du 3 au 28 février 2025, la Cosmographie d'Apian, conservée au Service des collections remarquables, est exposée dans le Hall de La Ruche, dans le cadre de « Un mois / une œuvre ». À l'occasion des 50 ans du service, chaque mois de 2025, sera ainsi présenté un « trésor », une œuvre emblématique des collections patrimoniales.
Petrus Apian (Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

Comprendre le monde

Au début du XVIe siècle, le développement de la géographie et de la navigation provoque un engouement pour la recherche de nouveaux moyens de parcourir le monde.

Petrus Apian (1495-1552) est un mathématicien et cosmographe allemand qui s’inscrit dans ce courant. Sans remettre en cause le géocentrisme, Apian écrit de nombreux livres et conçoit des instruments permettant de se repérer dans l’espace et le temps.

Un ouvrage célèbre

Son premier ouvrage, publié en 1524 sous le titre Cosmographicus liber, fut considéré jusqu’à la fin du XVIe siècle comme un ouvrage de référence dans la pratique de la géographie, de l’astronomie, de la cartographie et de la navigation.

Il connut de nombreuses éditions, réimpressions et traductions, et fut augmenté, à partir de 1533, par les commentaires d’un autre mathématicien allemand, Gemma Frisius, qui contribua grandement à sa popularité.

L’édition détenue par le Service des collections remarquables date de 1564 et comprend les ajouts de Frisius. Elle est illustrée de nombreuses figures astronomiques et géométriques gravées sur bois, de mesures, d’une carte, ainsi que de volvelles, ces fameux petits instruments mobiles de papier probablement à l’origine du succès de l’ouvrage.

Des instruments scientifiques… en papier !

Du latin volvere qui signifie « tourner », les volvelles sont des petites structures de papier pivotant les unes sur les autres, permettant de simplifier les calculs d’événements cycliques. Leur origine semble remonter au Moyen Âge. Elles furent utilisées pour calculer le mouvement des astres, les dates des éclipses de lune ou encore les marées.

En évitant d’avoir à résoudre de longs calculs complexes, les volvelles se comportent ainsi comme de véritables petits ordinateurs de poche. Par ailleurs, elles sont moins coûteuses que les instruments classiques, et de ce fait leur diffusion a pu se faire à une échelle plus grande. On remarquera cependant que, pour économiser le coût de l’ouvrage d’Apian, plusieurs des pièces mobiles furent imprimées au dos de papier de réemploi.

En utilisant les cinq volvelles d’Apian, les lecteurs pouvaient par exemple déterminer l’heure en différents lieux, y compris la nuit, en fonction de la hauteur du soleil ou le positionnement de la lune.

L’Astronomicum Cæsareum

Astronomicum Cæsareum / Petrus Apian.- Georg et Petrus Apian : 1540

C’est aussi à Apian qu’on doit le plus luxueux ouvrage de volvelles, l’Astronomicum Cæsareum.

Dédiée à l’empereur Charles Quint, cette publication spectaculaire de 1540 demanda 8 ans de travail et comprend au total 36 volvelles colorées à la main. Pour ce travail et en reconnaissance de l’ensemble de ses contributions aux sciences, Apian fut anobli par l’empereur en 1541.

Héritage

Bien que l’ouvrage d’Apian ait été par la suite dépassé par les théories héliocentriques de Copernic, il a marqué son époque par son approche didactique et témoigne aujourd’hui encore du savoir scientifique du XVIe siècle et de la volonté de rendre la cosmographie plus accessible.

Pour aller plus loin :
Autour des volvelles :
Sur l’Astronomicum Cæsareum :

Élise Gervais

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