Pour les juristes, plus que pour tout autre professionnel du langage, les mots sont des outils dans la rédaction d’un texte, des boulons spécifiques dans la construction de la norme, des clés permettant l’accès à un concept. Cependant, s’ils sont empruntés au vocabulaire courant, les termes juridiques revêtent parfois un autre sens. Ainsi, le silence est défini dans Le Robert par le fait de ne pas parler ou par une absence de bruit alors que dans le Lexique des termes juridiques il est le « Fait de ne pas répondre à une offre de contrat », tandis que le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu indique 7 acceptions, dont l’absence de règles écrites, le défaut de réponse à une offre ou l’absence de réponse de l’administration à une requête dont elle a été saisie.
De la précision du langage juridique dépend la clarté du droit et l’univocité de son interprétation, mais pour autant le langage juridique n’est pas toujours limpide. Les lois doivent être interprétées pour être appliquées aux situations concrètes grâce à une connaissance approfondie des textes, de la jurisprudence et des doctrines. A cette complexité s’ajoute la subtilité de la traduction. Ainsi, avec ses 27 États membres et ses 24 langues officielles, le Parlement européen emploie 660 traducteurs, auxquels sont adjoints quelque 500 assistants, interprètes et jurilinguistes.
Maîtriser la terminologie est une chose, rédiger en est une autre. Entre un courriel, un commentaire d’arrêt, une loi ou une plaidoirie, le style et la forme diffèrent du tout au tout. D’où le nombre d’ouvrages consacrés à la linguistique juridique, l’argumentation, la méthodologie ou encore la légistique.
Cette première approche permet ensuite de se plonger dans la littérature, le droit n’est pas avare de belles lettres, qu’il s’agisse des meilleures plaidoiries, des grands discours ou encore des actes de colloque organisés par la Faculté de droit et des sciences sociales de Poitiers consacrés aux rapports entre droit et langage.
Le droit évolue avec la société et le langage juridique s’adapte en conséquence. Les nouvelles technologies, les enjeux environnementaux, les questions de bioéthique : tous ces domaines nécessitent la création de nouveaux concepts et de nouvelles terminologies. Le langage juridique est donc un miroir de notre époque, de ses préoccupations et de ses défis.
Pour vous aider dans vos recherches, la bibliothèque droit économie gestion du campus propose au mois d’avril une sélection de documents : lexiques, manuels, essais. Pour explorer plus avant cette thématique, vous trouverez également en rayon des ouvrages de droit et littérature (cote 340.2), des bandes dessinées (cote 3:7) et des jeux permettant de s’approprier le vocabulaire juridique ou l’art oratoire.
Lexiques, dictionnaires, méthodologie :