Si le nom d’Arthur Girault est bien connu des juristes poitevins et d’ailleurs, celui de Fernand Surville leur est beaucoup moins familier. Certes, la salle de droit privé du Centre de doctorat porte son nom, mais quel étudiant pourrait citer l’un de ses ouvrages ?

Quelques éléments de biographie pour commencer : Fernand Surville est né le 8 août 1853 à La Roche-sur-Yon, a soutenu sa thèse le 26 mars 1879 à Paris Du sénatus-consulte velleien ou de l’intercession des femmes en droit romain : De l’incapacité de la femme mariée en droit français). Agrégé de droit en 1884, il enseigne dans un premier temps à Rennes (mai 1884), puis à Poitiers : chargé du cours de droit international privé (sept. 1884), de droit civil (1891), professeur adjoint, puis professeur de droit international public et privé (1891-1904), professeur de droit civil (1904-1917), doyen (1908-1917).
Il est l’auteur de nombreux articles dans la Revue critique de législation et de jurisprudence et dans le Journal de droit international privé (Recueil Clunet) et a publié les ouvrages suivants :
- Cours élémentaire de droit international privé, en collaboration avec F. Arthuys, Paris, A. Rousseau, 1890
- Traité théorique et pratique de droit civil : du contrat de mariage, avec Baudry-Lacantinerie et Le Courtois, Paris, Larose, 1897-1900, 3 vol.
- Éléments d’un cours de droit civil français, Paris A. Rousseau, 1904.
- La Loi du 13 juillet 1907 sur le libre salaire de la femme mariée et la contribution aux charges du ménage, par MM. J. Le Courtois et F. Surville, Paris, 1908, 52 p.
- Régimes matrimoniaux, projets de réformes et leurs principales conséquences, par MM. Le Courtois et Surville,… (Préface de la 3e édition du « Traité du contrat de mariage ». Collection Baudry-Lacantinerie.), Paris, 1905, 28p.
Retraité en 1917, il décède à Thiré (Vendée) en 1922.
Ainsi Fernand Surville a-t-il travaillé de 1884 à 1917 au sein de l’Université de Poitiers, alors installée dans les bâtiments de l’ancien Hôtel-Dieu qui accueille actuellement le Centre de doctorat au 43 place Charles de Gaulle. La Faculté de droit partageait les lieux avec les facultés de Lettres et de Médecine et, comme le rappelle Arthur Girault dans Le centenaire de l’école de droit de Poitiers, comptait en 1906 1319 inscrits et 14 professeurs ou agrégés. Durant ces 33 années, Fernand Surville a publié des manuels considérés comme essentiels par ses pairs et il a collaboré et noué des liens avec d’illustres juristes, lesquels lui ont envoyé, voire dédicacé, des articles, thèses et autres écrits académiques.

Ce sont précisément ces derniers qui composent les recueils factices de Fernand Surville. Un recueil factice, comme l’indique l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur, « est un assemblage de documents (sous une même reliure, liasse ou emboîtage) effectué par un possesseur ancien ou par le possesseur actuel de ces documents. »
Parmi les trente volumes détenus par la bibliothèque droit économie gestion, 4 portent au dos le nom de « Discours divers », l’un « Dissertations diverses » et 25 « Brochures diverses ».
On peut s’interroger sur les raisons qui ont conduit le professeur Surville à faire relier ces documents. Etait-ce une pratique courante fin XIXe début XXe ? S’agissait-il d’un choix esthétique d’un homme qui souhaitait disposer d’une belle bibliothèque ? L’utilisation de boîtes d’archives ne s’était-elle pas encore répandue ?
Quoiqu’il en soit, certains de ces recueils ont été enrichis sur la page de garde d’un sommaire manuscrit, et nul n’est en mesure de savoir s’ils ont été écrits de la main du professeur ou d’un bibliothécaire qui en aurait fait l’inventaire.
Depuis, chaque volume a été décrit et l’on peut retrouver le détail des chacun des recueils.
La bibliographie permet quant à elle d’effectuer une recherche par nom d’auteurs, parmi lesquels on retrouve les noms d’Etienne Coquet, Théophile Ducrocq, Arthur Girault, Maurice Hauriou, Alexandre Mérignhac, Marcel Morand, Nicolas Politis, Emile Stocquart et bien d’autres encore : étudiants, collègues, relations épistolaires, fondateurs de revues, amis, témoignent de la richesse des échanges entre les juristes des siècles passés à travers les sujets de prédilection de Fernand Surville (le droit international et le droit de la famille notamment) mais également l’organisation de l’enseignement supérieur en France, l’histoire ou les sciences économiques et politiques.
Tous ces documents sont consultables sur place à la bibliothèque universitaire Droit Économie Gestion du campus de Poitiers.