Jean Jamin est décédé le 21 janvier 2022. C’est un acteur important de l’anthropologie française qui vient de disparaître.

Fils d’ouvriers ardoisiers dans les Ardennes (il écrira un livre « La tenderie aux grives chez les Ardennais du plateau » en 1979), Jean Jamin entame des études de philosophie à Paris puis les abandonne pour se consacrer à la sociologie et l’ethnologie à l’École pratique des hautes études.

Dans les années 1970, il part en mission en Afrique pour étudier la révolte des Mau Mau au Kenya et les rites de passages chez les Sénoufo. Il en résultera un livre intitulé « Les lois du silence » publié chez Maspéro en 1977. Cette étude sur la fonction sociale du secret est disponible en ligne sur le site d’archive ouverte HAL-SHS [ https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00376244 ]. Malheureusement, une santé fragile l’empêchera d’effectuer d’autres enquêtes ethnologiques à l’étranger. Il recentre donc son activité professionnelle en France.

Son parcours académique se résume en deux étapes. Il travaille d’abord au Musée de l’homme à partir de 1977 où il participe à la préparation de plusieurs expositions. Il y créé un Département d’archives de l’ethnologie en 1984 qu’il dirigera de 1986 à 1994. Ensuite, il enseigne l’épistémologie et l’histoire de l’anthropologie à l’École des hautes études en sciences sociales de 1993 à 2013.

Parmi ses thèmes de recherche, un point commun est le rapport de l’anthropologie avec d’autres disciplines, à savoir la musique et la littérature. Pour la première, on peut citer la publication avec Patrick Williams de « Une anthropologie du jazz » par les éditions du CNRS en 2010 et disponible à la BU Michel Foucault sous la cote 306.484 JAM. Pour la seconde, « Littérature et anthropologie » chez le même éditeur en 2018, également disponible à la BU Michel Foucault sous la cote 301 JAM.

Le nom de Jean Jamin est aussi associé à deux revues. Il crée d’abord avec Michel Leiris la revue « Gradhiva » en 1986 qui se veut un lieu de débats sur l’histoire et les développements de l’anthropologie fondés sur des études originales et la publication d’archives ou de témoignages. Elle est disponible sur Persée et OpenEdition Journals. Il a aussi dirigé de 1997 à 2015 la célèbre revue d’anthropologie « L’homme » fondée par Claude Lévi-Strauss. Elle est aussi disponible sur Persée et OpenEdition Journals.

Ami de longue date de l’écrivain et ethnologue Michel Leiris (1901-1990), il fut son exécuteur testamentaire. À ce titre, il publie de nombreuses éditions critiques d’œuvres posthumes de son collègue. Signalons entre autres son « Journal, 1922-1989 » publié par Gallimard en 1992 ; son « Journal de Chine » publié par le même éditeur en 1994 ; ou bien « L’homme sans honneur » publié par Jean-Michel Place également en 1994. Ses 3 ouvrages sont tous localisés au magasin de la BU Sciences respectivement sous les cotes F 102247, F 323073 et F175429.

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